Ivan Ivanovitch… une échappée russe

Fantaisie dramatique et musicale de Simone Rist d’après Tchekhov

Conception collective du quatuor à corde Ensemble Silène, de l’acteur Denis Hardy et de la metteure en scène Simone Rist.

2011/2012

ivanovitchLe vieux conférencier Ivan Ivanovitch est assailli par ses souvenirs qui ne lui laissent aucun répit. Il en perd le fil de sa pensée et s’évade sans cesse pour revivre certains moments de sa vie. Chaque « échappée » est liée à une réminiscence musicale qui lui évoque sa jeunesse, un évènement joyeux ou un cruel, une rencontre, un paysage, un rêve, un amour…

Des extraits de la pièce en un acte Les Méfaits du tabac de Anton Tchekhov façonnent la trame de la conférence. Les textes de Pouchkine, Gogol, Tourgueniev, Dostoïevski, Tsvetaeva et Chalamov accompagnent le jeu des souvenirs. Un quatuor à cordes entre dans le jeu théâtral en jouant Borodine, Chostakovitch, Glazounov, Liadov et Taneïev.

Connivence, tendresse ou agressivité définissent les rapports des musiciennes-muses du souvenir avec le comédien Ivan le vieux et Ivan le jeune. Incarné par une danseuse, l’Amour impossible est présent par petites touches de clarté tout au long du spectacle.

 

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L’Ensemble Silène et Denis Hardy ont eu l’idée de mettre en lumière les émotions suscitées par la confrontation de musiques et de textes russes.
À partir de ces données, Simone Rist a imaginé une pièce de théâtre en prenant pour trame des extraits des Méfaits du Tabac, pièce en un acte d’Anton Tchekhov, et en prêtant au conférencier Ivan Ivanovitch, le Vieux conférencier de la pièce, la faculté de revivre ses souvenirs évoqués par la musique. Elle a ajouté un personnage dansé, d’après Premier amour de Tourgueniev.

 

 

Ivan Ivanovitch, le conférencier Denis Hardy, comédien
Le Premier Amour  (danse) Virginie Goujaud, danseuse
Les muses du souvenir et Les filles de l’école de musique Ensemble Silène :
Geneviève Billaud-Rist, 1er violon
Marie-Claude Lebey, 2ème violon
Marianne Le Gourrierec, alto
Pascale Hanouna, violoncelle


Mise en scène  Simone Rist

La musique

Extraits des quatuors à cordes de Alexandre Borodine, Alexandre Glazounov, Anatoli Liadov, Dimitri Chostakovitch, Sergueï Taneïev

La littérature

Extraits d’œuvres de Nicolaï Gogol, Fiodor Dostoïevski, Alexandre Pouchkine, Varlam Chalamov, Marina Tsvetaeva.

Les auteurs

Nikolaï Gogol (1809-1852)

D’origine ukrainienne, il va à Saint-Pétersbourg dans l’espoir de faire une carrière dans l’administration. Il rencontre Pouchkine, qui l’encourage à écrire. Son recueil de nouvelles Les soirées du Hameau lui assure la célébrité. Après la critique du Revizor, il traverse un crise profonde et s’exile volontairement. Son roman Les Âmes mortes révèle un mysticisme maladif, qui l’entraînera vers la mort.

Fiodor Dostoïevski (1821-1881)

Ecrivain emblématique de la Russie du XIXème siècle. Après une enfance douloureuse, il s’engage en politique, est arrêté par le tsar et envoyé au bagne à Omsk. A son retour, il écrit et publie des romans qui donne une inflexion durable au paysage littéraire. Son œuvre tourmentée décrit le Monde dans toute sa réalité : Crime et Châtiments, l’Idiot, Les Frères Karamazov, les Possédés, Souvenir de la Maison des Morts, Le Joueur

Varlam Chalamov (1907-1982)

Il conteste en 1932 le pouvoir de Staline et est envoyé une première fois au bagne. En 1937, arrêté comme trotskiste, il est envoyé dans la Kolyma, région de l’extrême-est de la Sibérie connue sous le nom de “La mort blanche”. Il y restera jusqu’en 1953. Réhabilité en 1956, il écrit Les récits de la Kolyma. Le livre ne paraîtra en Russie qu’en 1987.

Alexandre Pouchkine (1799-1837)

Inaugure la grande littérature russe. Pour ses poèmes jugés séditieux, il passe six années en exil et écrit Eugène OnéguineBoris Goudonov, les Contes en vers. Rentré en grâce sous Nicolas 1er, il écrit à Saint-Pétersbourg la plupart de ses chefs d’œuvres en prose : La dame de Pique, La fille du Capitaine, Le Convive de Pierre, Mozart et Salieri, et le célèbre poème du Cavalier de Bronze. Les circonstances tragiques de sa disparition l’ont transformé en véritable légende. Sa popularité en Russie est immense. Le jour de son anniversaire, le peuple vient réciter ses poèmes dans la cour du Musée Pouchkine à Saint-Pétersbourg.

Marina Tsvetaeva (1892-1941)

Poétesse russe et soviétique. Son œuvre la place parmi les plus grands du 20ème siècle russe. Elle a vécu et écrit La révolution russe de 1917. Antibolchévique, elle est envoyée en exil en 1922, et vit dans la misère à Paris, Prague et Berlin ; elle retourne à Moscou en 1939. Son mari et sa fille sont victimes du régime ; elle vit dans la plus grande pauvreté et se suicide de désespoir en 1941. Son œuvre lyrique est marquée par une expérimentation de la langue et une critique amère de son temps.

Ivan Tourgueniev (1818-1833)

Ecrivain et dramaturge russe. Issu d’une famille noble, il reçoit une excellente éducation, apprend le français, l’allemand, l’anglais, le grec et le latin. Il fréquente les universités de Moscou, de Saint-Pétersbourg et poursuit ses études à Berlin. Il rencontre la cantatrice Pauline Viardot avec qui il entretiendra une amitié amoureuse jusqu’à sa mort. Peintre de la Russie campagnarde, des moujiks et des amants maudits, il se veut aussi témoin de son temps dans ses nombreuses œuvres : Andreï Kolossov, L’Homme de trop, Le Célibataire, Mémoires d’un chasseur, Premier amour, Père et fils.

Anton Tchekhov (1860-1904)

Médecin de profession, il est reconnu de son vivant comme une des gloires russes grâce à ses nouvelles et son théâtre. Ses pièces les plus connues sont La Mouette, La Cerisaie, Les Trois Sœurs et Oncle Vania. Ses nouvelles expriment en condensé des morceaux de vie bouleversants. Ses personnages souffrent du mal de vivre, ils se déchirent les uns les autres, certains en meurent, d’autres espèrent mourir bientôt. Toute son œuvre est une impitoyable variation sur la Mort.

Les compositeurs

Borodine Alexandre (1833-1887)

Chimiste et médecin, ce compositeur est membre du Groupe des Cinq. Il joue de la flûte, du piano et du violoncelle et participe aux soirées de musique de chambre chez l’éditeur de musique et philanthrope Belaïev. Ses œuvres les plus connues sont le poème symphonique Dans les Steppes de l’Asie Centrale, l’opéra Le Prince Igor, deux Quatuors et des mélodies.

Liadov Anatoli (1855-1914)

Membre du cercle Belaïev, il est surtout connu pour sa pédagogie. Il a principalement composé des œuvres pour piano. N’étant pas parvenu à écrire la partition de L’oiseau de Feu pour Diaghilev, cette commande fut réalisée par Stravinski.

Taneïev Sergueï (1856-1915)

Excellent pianiste, il étudie la composition avec Tchaïkovski et tient la partie de soliste pour la création de toutes les œuvres de ce dernier. Sa musique est tantôt très rigoureuse, tantôt d’une grande richesse expressive. Il a écrit quatre symphonies, six quatuors et diverses œuvres de musique de chambre, des mélodies, quelques pièces pour piano et un opéra L’Orestie.

Alexandre Glazounov (1865-1936)

Directeur du Conservatoire de Saint-Pétersbourg, il réorganisera le conservatoire de Leningrad après la guerre. Il quitte la Russie pour des raisons de santé. Excellent chef d’orchestre, il fait une tournée aux Etats-Unis et en Europe avant de s’installer en France. On trouve dans sa musique un caractère russe et un culte rigoureux des formes traditionnelles : 9 symphonies, de nombreuses œuvres de musique de chambre, dont 7 quatuors à cordes, des ballets, des concertos….

Dimitri Chostakovitch (1906-1975)

Né peu avant la révolution d’octobre 1917, sa carrière de compositeur avant-gardiste est brutalement entravée par les interdits du pouvoir en 1936. Son art est influencé par les grands classiques et par ses contemporains Bartók, Hindemith, Stravinski et le Groupe des Six. Connu pour ses Symphonies, l’opéra Lady Macbeth, ses Concerto, il compose quinze Quatuors à l’abri des regards officiels, qui révèlent une puissance expressive et un développement sonore quasi symphonique.